Tout comme chez les enfants, le diagnostic d’hyperactivité est souvent posé de façon hâtive sur tout animal un peu « remuant » et dynamique. Toutefois, l’hyperactivité est un véritable trouble du comportement dont certains chiens sont atteints, et qui se traduit par un « trop-plein » d’activité : l’animal ne s’arrête jamais !

Comme dit précédemment, le chien hyperactif ne s’arrête jamais ; quand il ne court pas, il saute, bouge, s’active nuit et jour.

Il est généralement très excité et impulsif, incapable d’écouter un ordre simple et d’y obéir.

Sa tolérance à la frustration est quasi-nulle ; à la moindre contrariété, si on l’empêche de faire ce qu’il veut, il se rebiffe. Cela peut être confondu avec de l’agressivité.

Les mordillements sont un de ses modes de communication et il ne peut s’en empêcher. Cela peut conduire à des destructions.

Son comportement est désorganisé, il ne semble pas capable de retenir des séquences basiques (assis / couché, etc...) ; ce qu’il semble avoir appris un jour peut être oublié dès le lendemain.

Il peut également présenter des troubles du comportement alimentaire : il engloutit immédiatement le contenu de sa gamelle, paraît avoir tout le temps faim...

Un chien hyperactif souffre généralement de troubles du sommeil (dort moins de 8h/24, toujours prêt à jouer, même au milieu de la nuit).

N’importe quel bruit, mouvement de personne ou d’objet le fait immédiatement réagir.

Avec ce tableau, les propriétaires d’un chien hyperactif sont rapidement épuisés et il est nécessaire de consulter pour valider l’hypothèse, et surtout la prendre en charge.

Si certaines races de chiens sont connues pour être dynamiques, et nécessitent beaucoup d’exercice au quotidien, l’hyperactivité pathologique – due à une instabilité émotionnelle - résulte essentiellement de carences pendant le développement : absence ou insuffisance de maternage des chiots par leur mère. De l’âge de 3 à 4 semaines jusqu’à l’adoption (vers 8 semaines), les acquisitions sont cruciales : la mère apprend à ses petits à se contrôler physiquement, à ne pas courir dans tous les sens, à s’arrêter, à ne pas mordiller à tout bout de champ et sans limite. Patiemment, elle leur montre comment communiquer.

Or, il arrive parfois que la mère soit immature (1^ère portée) et ne sache pas gérer ses petits. Elle peut aussi être fatiguée par une césarienne, un trop grand nombre de petits qu’elle ne parvient pas à allaiter, etc... Si donc il est nécessaire d’éloigner les petits, il est impératif de trouver une « mère de substitution » ; cela peut aussi bien être un mâle adulte et équilibré, une autre femelle, voire un humain : le « travail » consistera à limiter l’excitation physique des chiots, à les contraindre s’ils outrepassent les limites du simple jeu avec leurs frères et sœurs, à leur apprendre la morsure inhibée (contrôle de la force des mâchoires : si les chiots font mal, la mère les repousse, les gronde, parfois les éloigne en les prenant par le cou).

Tout d’abord, si vous avez de sérieux soupçons quant à l’hyperactivité pathologique de votre chien, il est nécessaire de valider cette hypothèse en l’emmenant consulter un vétérinaire, voire un praticien comportementaliste. Par un interrogatoire précis, il pourra apprécier s’il s’agit bien d’un véritable trouble du comportement, et si tel est le cas, il sera à même de vous donner des conseils et/ou de prescrire des médicaments à votre animal pour l’apaiser et lui permettre de faire les apprentissages de base.

Il faut surtout retenir que tout cri, toute contrainte par force, tout jeu de lancer/rapporter ne feront qu’augmenter son état d’instabilité émotionnelle et d’excitation. La première règle est donc (mais c’est parfois plus facile à dire qu’à faire !) de rester calme et posé.

• Afin d’apaiser un chien hyperactif, il est bon de lui proposer une routine : manger, sortir à heures fixes, effectuer toujours les mêmes parcours lors des sorties en laisse – que l’on fera de préférence lorsque l’on ne risque pas de croiser trop de monde/de chiens.

• Lorsqu’on a l’impression que l’excitation s’emballe et devient incontrôlable, l’indifférence (c’est-à-dire tourner le dos à l’animal, ne plus le regarder, le toucher, lui parler) peut momentanément interrompre l’engrenage.

• Concernant les mordillements, il est indispensable que le chien comprenne que ce comportement est interdit sur toute personne ou animal, même pour jouer. Un « non » ferme, dit posément, et l’éloignement doivent progressivement faire comprendre que ce comportement n’est pas autorisé.

IMPORTANT : il ne faut jamais laisser un enfant seul avec un chien hyperactif !

• Un chien hyperactif a besoin de beaucoup se dépenser physiquement, se fatiguer, sans pour autant que cela entretienne l’excitation. Il va donc falloir patiemment lui apprendre à s’arrêter de jouer ou courir lorsqu’on lui en intimera l’ordre, et le récompenser lorsqu’il aura bien fait par une friandise dont il raffole (renforcement positif). Au début, ce sera quelques courtes secondes, puis on essaiera de prolonger et de le faire rester assis de plus en plus longtemps, en attendant la friandise. C’est la thérapie par le jeu.

• Si l’hyperactivité de votre chien est liée à une hypersensibilité, certaines phéromones (en diffuseur) peuvent diminuer le niveau de stress. Demandez conseil à votre vétérinaire.

Mais si vous voyez que malgré vos efforts le chien ne progresse pas, c’est peut-être qu’un traitement médicamenteux est nécessaire ; certaines molécules psychotropes agissent comme régulateurs, et permettent de rétablir des contrôles que le chien n’a pas acquis. Et cela peut donc l’aider à tirer profit de ses entraînements pour apprendre à écouter, se maîtriser, inhiber ses mordillements.

Un dialogue avec le vétérinaire, et éventuellement l’aide d’un éducateur canin comportementaliste pour prendre le relais, pourront vous aider et vous reposer dans la gestion de votre chien. Un suivi pourra être mis en place pour vous soutenir dans votre tâche éducative un peu plus compliquée que prévu. Retenez qu’un chien hyperactif a besoin d’être tenu par un maître sûr de lui, qui joue pleinement son rôle de dominant. Si vous avez l’impression de ne pas vous en sortir et que vous craignez votre chien, alors mieux vaut prendre la décision de le placer dans une famille d’accueil sans enfants qui sera prévenue et prête à affronter cette particularité.

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

22/03/2021